Encore. Elle reviendra demain, marquant le début d'une journée sans soleil, annonçant la fin, la fin d'une nuit illuminée. Ou le contraire. Peut-être me trompe-je. Qui s'en soucie? Personne. Sauf moi, peut-être. Rien d'autre. Personne d'autre. Le néant, c'est ce qui reste de nos jours, nos nuits, nos silences et nos desespoirs, nos joies éteintes et recouvertes d'une couche de noir étoilé. La nuit, c'est froid. Distant. Lointain. Egoïste. Cette pensée me fait sourire. N'est-ce pas la définition même de l'humanité? Peut-être sommes nous tous des morceaux de cette voûtes sombres et obscures, tombés sur la terre, et le trou que nous y avons laissé est peut-être représenté par ces étoiles… Ce serait une belle vision de la vie. Des morceaux de ténèbres. La lune est-elle là depuis le départ? Nous a-t-elle vu nous échouer? Si l'on arrive à compter le nombre d'étoiles que le ciel contient, pourra t'on estimer combien d'humain nous sommes sur terre? Combien de parasites échoués? Ma bouche s'étire en un sourire. A quel étoile est-ce que j'appartiens…? Il s'efface. Qu'est-ce que cet saleté de destin à bien pu penser en m'envoyant dans cet enfer incarné par ce bloc, entouré de mur, eux-même entouré par des Grievers..? Je ne le comprend décidemment pas. Peut-être est-ce simplement le fruit du hasard, le grand final d'une pièce où je ne suis qu'une figurante… peut-être n'est-ce juste pas à propos de moi? Ne suis-je qu'une partie du décors, un élément pour mettre en valeur quelqu'un, quelque chose d'autre? Est-ce que je ne mériterai pas de jouer autre chose…? Je ris. Depuis quand suis-je aussi dramatique sur la vision de l'existence? La mienne est ici. Y chercher un sens quelconque n'avancera rien. Elle n'avance déjà pas toute seule.
Stupide.Je me retourne. Le bois craque sous mon poid. Je suis étendue, couchée de toute ma longueur sur le "sol". Pourquoi je ne suis pas dans mon hamac? Le bruit des autres, mes insomnies interminables. Rien que cela me donne une raison pour ne pas y retourner. C'est une habitude que j'ai, de venir ici le soir, tranquillement, à écouter les bruits du labyrinthe, à l'imaginer comme une entitée vivante et se déplaçant, imaginer à quoi il ressemble de l'intérieur… à m'isoler du reste du groupe surtout. Je passe suffisamment de temps avec eux pendant la journée. La nuit est le seul moment où je peux m'accorder un temps de solitude. De toute manière, je ne risque pas de dormir, alors autant profiter. Et personne ne vient jamais ici lorsque le ciel est noir. Ils dorment, préfèrent s'oublier dans leurs rêves, oublier où ils sont, pourquoi ils le sont… ce que personne ne sait d'ailleurs. Je jette un coup d'oeil vers les Hamacs. Les formes balançantes de leur couchette est perceptible dans l'obscurité. Le froid du bois sous moi me fit, une fois de plus, changer de position. Je suis maintenant sur le dos, le regard droit vers les étoiles. Encore. Juste une fois, j'aimerai qu'il me pousse des ailes, pour pouvoir m'envoler vers elle.. m'envoler d'ici, m'évader autrement que par mes pensées. Une brise très légère vient secouer mes cheveux. Elle est chaude. Je ferme les yeux. Ma bouche s'ouvre, et je commence à chantonner:
Le silence y fait doucement echo. Je n'y fais pas attention. S'écouter sois-même n'est jamais intéressant. C'est comme écouter un fantôme.. un souvenir. Je n'en suis pas un, n'ai pas envie d'en être un. Ma mort n'est pas prévenu maintenant. Je l'attend, certes. Je l'appréhende. Tout les jours de cette chienne de vie, j'ai ce sentiment que celui dans lequel je suis risque d'être le dernier. Et que je me mettrai à disparaître, d'une manière ou d'une autre. Mais je ne crains pas cela. Je n'ai pas le courage d'y mettre fin moi-même, alors j'attends, comme les autres, jusqu'au dernier de mes jours. si nous sommes des morceaux d'étoiles, nous sommes éphemères. Brûlant, mais éphemère. Brûlant de quoi, par ailleurs? D'espoir? De joie? De colère? D'impuissance? De frustration? Pour ma part, surement un peu de chacun. Mélangé cela avec mon caractère naturel… Ce que j'essaie de dire, c'est que malgré nos efforts pour nous sauver, trouver une sortie, un moyen de prolonger notre existence à long terme… cela ne sert à rien. On arrive au même endroit à la fin. Et qui nous dis, par ailleurs, que ce que l'on y trouvera ne raccourcira pas notre esperance de vie? Pourquoi chercher? Pourquoi se donner autant de mal, perdre tant de gens… si ce n'est, finalement, que pour les rejoindre au plus vite. Et ce sera toujours ainsi. Chaque fois que brille le soleil,
"Love turns to ashes". Chaque fois que la nuit vient,
"Time won't erase us". Chaque fois que nos espoirs se forment,
"it breaks so easily".. Je termine dans un soupir, et ferme les yeux, essayant de trouver le sommeil.
Je ne fais pas attention au craquement sourd et proche, prenant ça pour un déplacement quelconque des dalles de cette saleté de prison.. Les pas se font plus insistants. Des vibrations s'émettent du sol. Je n'ouvre pas les yeux, et ne bouge pas. Ma bouche s'ouvre simplement, et émet un cinglant:
"Me déranger est une chose. Essayer d'être discret en est une autre..."
Cette fois, j'ouvre mes yeux, et les pointe vers… Newt. Le dirigeant. Super, j'ai vraiment besoin de ça maintenant. Mon ton ne change pas, seul mes yeux trahissent un profond agacement.
"Je peux faire quelque chose pour toi?"