La Nuit la plus Sombre, peut être éclairée par la Plus Petite des Lumières...
Je me souviendrais toujours de cette petite phrase, que m'était apparut lors d'une de mes premières nuits, lorsque j'étais toute seule dans le Bloc. Mon esprit était torturé, et je n'arrivais pas à dormir, et cette phrase avait fait son apparition. Je n'ai jamais sut d'où elle me venait. Mes parents peut-être ? Je ne me souviens pas d'eux, pourquoi me souviendrais-je d'une phrase qu'ils m'auraient appris ?
Je me tourne et me retourne dans mon hamac, sans trouver le sommeil. La nuit est tombée depuis longtemps, et les portes du Labyrinthe se sont refermées. Dans le silence qui règne autour de moi, je ne distingue rien d'autre que le vent qui souffle, mais je sais bien que dans les couloirs de l'énorme dédale, des bêtes dangereuses rôdent, guettant l'arrivée d'une proie à dévorer. Je ne frissonne plus désormais, quand j'y pense ou quand je les entends, mais au fond de moi, elles me font toujours aussi peur.
Je me lève brusquement, en posant au sol la branche de fougère que je tripotais entre mes doigts, et que j'ai ramassé tout à l'heure en me promenant. J'enfile mes bottes, et je sors dehors, en fermant  les trois petits boutons qui ornent le haut de mon vêtement. Une bourrasque de vent me frappe le visage, et je détourne la tête, tandis qu'une petite chose froide vient se coller contre mon pantalon.
Bella. Ma chienne. Ma fidèle chienne.
C'est elle qui m'a aidé à ne pas plonger dans l'oubli total, et à ne pas commettre de bêtise. Je l'ai rencontré au bout de mon quatrième jour dans le Bloc. Elle avait l'air presque aussi perdue que moi, mais assez amicale. Nous nous sommes vite attachées l'une à l'autre. C'est une jolie petite chienne blanche et marron, aux yeux couleur noisette. Elle me suit partout.
Sauf dans la Labyrinthe.
Je décide de l'emmener avec moi, pour aller me promener un peu dans la forêt. J'aime bien la forêt.
A peine ais-je pénétré dans le bois, que j'aperçois une forme sombre devant moi. Je ne panique pas, car si cette personne était un intrus, Bella lui aurait grondé dessus. Et ce n'est pas le cas. C'est donc quelqu'un du Bloc.

"Tu dors pas?"

Astrid.
Je me rapproche, jusqu'à me retrouver devant elle. J'ai l'impression qu'elle a pleuré. Mais je ne dis rien, pour ne pas l'embarrasser.
Je ne sais pas exactement qu'elle âge a Astrid, mais dans tous les cas, elle est plutôt jeune. Peut-être pas la plus jeune du Bloc, mais l'une des plus petites. Je l'ai pris sous mon aile, dès son arrivée. Je la considère comme une petite soeur.

"Non, vois-tu, tu n'es pas la seule à être insomniaque."

Je lui souris, avant de m'asseoir près d'elle, tandis que Bella se poste devant nous en remuant la queue. Je lui donne une petite caresse sympathique sur la tête, avant de me retourner vers Astrid.

"Qu'est-ce que tu fiches là, toute seule dans la forêt ?"


[J'avais de l'inspiration pour mon premier rp ici OWO]

Astrid réfléchit, en caressant gentiment ma chienne, qui doit bien être heureuse, au beau milieu de la forêt, entrain de se faire grattouiller derrière la tête. Je laisse mon regard dévier au loin, en attendant une réponse de la part de la jeune fille, même si je pense que je la connais déjà. Astrid fait souvent des cauchemars, je l'entends hurler la nuit, ou pleurnicher. J'entends aussi les autres membres du Bloc, qui rouspète lorsqu'elle les réveille. Moi je ne dis rien. J'observe. Les cauchemar sont terribles, je connais ça aussi, mais j'ai appris à les maîtriser, à les repousser.
La Nuit la plus Sombre, peut être éclairée par la Plus Petite des Lumières...

"Oh...j'ai fais un cauchemar.Mais ça va mieux,le calme qui règne ici m'aide à me détendre.Je te retourne la question."

Un cauchemar, c'est bien ce que je pensais. Astrid est encore jeune, je doute qu'elle puisse parvenir comme moi à repousser ces horribles images qui viennent s'inviter dans son esprit pendant la nuit. Je me demande à quoi elle pense, lors de ses cauchemars... A t-elle peur d'être ici ? Sa famille, même si elle ne s'en souviens plus, lui manque t-elle ? C'est probable...
Je m'apprête à ouvrir la bouche pour répondre à sa question, lorsqu'elle me coupe la parole avant même que je n'ai pu parler :

"Tu penses qu'un jour,on sortira d'ici?"

Je la dévisage, les yeux grands ouverts. Je vois aussitôt qu'elle est gênée, qu'elle s'est rendue compte de son erreur. Couper la parole à la Dirigeante du Bloc peut être puni, dans certaines circonstances. Je me souviens d'un ancien membre, un garçon très autoritaire qui était sûrement fou avant même d'avoir mi un pied au Bloc. Il m'avait violemment coupé la parole lors d'un discours, et avait essayé de me tuer, à l'aide d'un couteau venant de l'Abattoir. Il avait aussitôt été exilé dans le Labyrinthe, et son corps avait été retrouvé sans vie devant les Portes. Je n'aurais jamais dut me réjouir de la mort de quelqu'un, mais cette fois-ci, mon coeur avait parut plus soulagé.
Je pousse un petit soupir, en continuant de fixer le lointain. Astrid doit attendre ma réponse, malgré sa main plaquée sur sa bouche. Je ne veux pas lui faire de peine. Elle est trop jeune. Trop jeune pour comprendre la réalité.

"Je l'espère de tout mon coeur. Les Coureurs progressent chaque jour dans le Labyrinthe, ils finiront bien par trouver une sortie."

Je n'aime pas mentir, mais parfois il le faut bien. Les Coureurs font de leur mieux, je le sais, mais les cartes stagnent. J'ai l'impression que tout avance au ralenti. Je me demande même s'il existe une sortie dans ce dédale de béton. Mais comment annoncer ça à une si jeune, une si fragile fillette, qui reste en vie seulement parce qu'il y a encore une petite étincelle d'espoir dans son coeur ? Si je brisais cet espoir, je me demanderais bien où Astrid serait retrouvée dans quelques jours. Elle serait bien capable de penser à se suicider...

Je ne sais pas si Astrid me croit véritablement. Mon mensonge est assez gros à avaler, nous tournons en rond ici depuis déjà plusieurs années... Si une sortie existait, nous l'aurions déjà trouvé je présume. Je retiens un soupir de désespoir, tandis que Bella tourne vers nous ses petits yeux noisettes, d'un air pitoyable, qui m'arrache un sourire. Aurait-elle comprit, elle aussi, que nous ne sortirons jamais d'ici ?
La jeune fille lève la tête vers moi, et je détourne mes yeux de ma chienne pour aller les planter dans ceux d'Astrid. Je ressens sa tristesse comme si c'était la mienne.
Je me demande si j'avais des frères et soeurs, dans ma vie d'avant. Est-ce que j'avais une petite soeur,  tout comme Astrid, dont je prenais soin comme à la prunelle de mes yeux ? Je me pose bien la question, mais j'ai eu beau chercher dans ma mémoire pendant des jours, je n'ai jamais réussi à attraper des souvenirs. Juste cette petite phrase d'espoir. Voilà tout.

"Moi aussi,je l'espère...Désolée,ça m'a échappé.J'espère que quand on sortira d'ici, nos parents nous attendrons de l'autre côté."

Elle se met à pleurnicher, en silence, mais je vois les gouttes qui s'échappent de ses yeux pour aller s'écraser au sol. Je sers les lèvres pour ne pas me mettre à pleurer à mon tour. Je ne dois pas me laisser aller. Pas devant elle. Je dois montrer l'exemple.

"Alors?Que fais-tu ici?"

Elle essaye de changer de sujet, mais je vois bien que son esprit est focalisé sur la sortie, sur sa peine, sur sa famille dont elle ne se souvient même pas... Elle est trop jeune pour avoir été emprisonnée ici. C'est injuste. Qui nous a envoyé ici ? Et surtout pourquoi ?! Si un jour je rencontrais les gens qui ont fait ça.... Je les tuerais sur le champ.

"Je n'arrivais pas à dormir, mes pas m'ont entraînés ici."

Silence. Un silence pesant s'installe entre nous, et je décide de tendre l'oreille, pour écouter les bruits de la forêt. J'entends les feuilles qui crissent, les branches des arbres qui se balancent, à cause du vent... Des brindilles qui craquent, sûrement un animal sauvage qui passe par ici. Il faudrait que je me lève, pour le tuer, il ramènerait un peu de viande au sein du Bloc, mais Astrid m'a l'air tellement triste, que je n'ai pas envie de la blesser encore plus mentalement, en tuant un animal devant ses yeux.

"Astrid."

Je m'éclaircit un peu la gorge, et donne un léger coup de main sur mon pantalon, pour enlever un peu de poussière qui s'est accumulé dessus.

"Astrid, te reste t-il des souvenirs de ta famille ?"

Je pose la question a la plupart des membres du Bloc. Après tout, on ne sait jamais, peut-être que parmi nous se trouve une personne qui pourra nous aider grâce à un souvenir, même un tout petit. Astrid est une jeune fille blessée intérieurement, mais après tout, peut-être que si elle se creuse bien la tête, elle retrouvera un petit morceau de ses souvenirs ? La tristesse peut souvent aider pour ces choses-là....

La fillette réfléchit, longuement. Moi, je n'essaye même pas de fouiller ma mémoire. Depuis les premières secondes où je suis arrivée dans le Bloc, je n'ai jamais cessé de chercher, d'espérer trouver un quelconque souvenir, mais je n'ai jamais rien trouvé. Alors j'ai arrêté de chercher inutilement, et j'ai décidé de mon consacrer entièrement à ma vie au Bloc, à mon rôle de Dirigeante.
Je jette un petit regard à Astrid, qui semble se concentrer de son mieux, pour essayer de me ramener un petit morceau de mémoire. Au fond de moi, je sais que c'est inutile, mais j'ai un tout petit, un tout petit et faible espoir que la jeune fille trouve quelque chose.
Mais lorsqu'elle redresse la tête, je comprends tout de suite que sa recherche a été vaine, et avant même qu'elle n'ouvre la bouche, je détourne le regard, en poussant un petit soupir.

"Je n'arrive pas à me souvenir de qui ils étaient.Mais je ressens un manque,il y a quelque chose sur quoi je n'arrive pas à mettre le doigt dessus.Mais je m'en fous,ma famille,c'est vous."

Ma famille c'est vous.
J'arrête de respirer pendant un instant, les yeux plongé dans le cou de Bella, pour ne rien regarder d'autre. Astrid nous considère t-elle véritablement comme sa famille ? Pour moi, étant la Dirigeante du Bloc, oui, tous les membres font partis de ma famille. Même ma chienne. Mais pour elle, pour Astrid, pourquoi serions-nous sa famille ?
J'ai la réponse directement. Après tout, elle n'a plus personne elle non plus, comme moi, comme nous tous. Nous sommes ses sauveurs, ceux qui l'ont accueillis, qui l'aident à se nourrir, à s'amuser, à ne pas plonger dans l'oubli. Oui, nous sommes sa famille.

"Pourquoi?!Tu t'en...souviendrais toi?"

Je redresse la tête à mon tour, et la regarde de nouveau, immobile, avant de remuer la tête, le regard figé derrière sa tête. Non. Je ne me souviens de rien moi non plus. On pourrait penser que, comme je suis la dirigeante, je pourrais me rappeler de quelque chose, être l'élu qui sort du lot, mais en fait non. Je ne suis qu'une fille comme les autres, un humain comme les autres, qui a seulement réussi à se reprendre assez en main pour aider tous les autres paumés du Bloc.

"Non, je suis aussi amnésique que tout le monde..."

Un rire mesquin, un rire noir, s'échappe de ma gorge, tandis qu'Astrid se demande surement pourquoi je me mets à rire de la sorte. Mes épaules sont légèrement secouées par mon rire sournois, et je continue mon petit manège pendant plusieurs secondes, avant de m'arrêter, et de regarder la fillette d'un regard dur et sévère.

"Et je n'ai jamais été piquée..."

Car il existe bel et bien un moyen de se souvenir. Un moyen douloureux, dont on n'est jamais sur de ressortir vivant. Se faire piquer par un Griffeur. Mais qui aurait envie d'une chose pareille ? Rien ne nous promets qu'après la piqûre, nous reviendront à la vie, que les remèdes marcheront. Alors c'est trop dangereux. C'est bien pour ça qu'entrer dans le Labyrinthe la nuit est totalement interdit. Il y aurait beaucoup trop de morts, en très peu de temps...